La théâtrothérapie : un outil de transformation

Introduction : soigner par le jeu et la scène

La théâtrothérapie et le psychodrame appartiennent aux thérapies psychocorporelles et psychodynamiques qui mettent le jeu, la mise en scène, le corps et la créativité au cœur du processus thérapeutique.
Nées du travail pionnier de Jacob Levy Moreno, ces approches invitent les patients à explorer leurs émotions, leurs conflits internes et leurs relations à travers des situations jouées.

Loin d’être un simple divertissement, le jeu dramatique devient un espace transitionnel, un lieu où l’on peut expérimenter, transformer et symboliser, rejoignant ici les conceptions de Winnicott sur le jeu comme espace potentiel de croissance psychique.

Qu’est-ce que le psychodrame ?

Origines : l’héritage de J. L. Moreno

Le psychodrame est créé au début du XXᵉ siècle par Jacob Levy Moreno, psychiatre et philosophe. Pour lui, « le théâtre est né pour guérir ». Il conçoit le psychodrame comme une méthode permettant de rejouer sa vie pour mieux la transformer, en mobilisant :

  • la spontanéité,
  • la créativité,
  • le mouvement,
  • les interactions groupales.

Moreno développe la notion de catharsis par l’action : le fait d’exprimer par le corps et la mise en scène ce qui, autrement, reste enfoui ou indicible.

Le cadre du psychodrame

Le psychodrame se pratique en groupe ou en individuel, avec :

  • un metteur en scène (le thérapeute),
  • un protagoniste (la personne qui joue),
  • des egos auxiliaires (les autres participants qui prennent des rôles).

Le travail se déroule en plusieurs temps : échauffement, mise en scène / jeu dramatique, partage et élaboration collective. Cette mise en mouvement permet une désinhibition, une prise de conscience profonde et une transformation des représentations internes.

La théâtrothérapie : quand le théâtre devient soin

La théâtrothérapie reprend les outils du théâtre (corps, voix, improvisation, rôle) pour accompagner les patients dans une démarche de mieux-être. Inspirée du psychodrame mais plus souple, elle intègre également des apports :

  • de l’art-thérapie,
  • de la psychanalyse,
  • des méthodes d’improvisation théâtrale,
  • de l’expression corporelle.

L’objectif n’est pas de produire une performance artistique, mais de déposer, rejouer, transformer ce qui fait souffrance.

Les bénéfices reconnus

La théâtrothérapie permet de :

  • explorer des émotions difficiles dans un cadre sécurisé,
  • travailler l’estime de soi,
  • expérimenter d’autres postures relationnelles,
  • retrouver de la spontanéité,
  • mettre du jeu (au double sens du terme) dans ce qui est figé psychiquement.

Le rôle devient un support projectif, un espace où l’on peut être soi tout en étant un autre, ce que Winnicott nommerait une expérience transitionnelle.

Fondements théoriques majeurs

Moreno : spontanéité, créativité, catharsis

Pour Moreno, l’être humain se construit dans la rencontre et le jeu.
La spontanéité est la force créatrice qui permet d’affronter la réalité autrement.
Le psychodrame devient alors une « catharsis de l’action » où rejouer une scène permet de réécrire sa propre histoire.

Winnicott : le jeu comme espace potentiel

Le jeu est un espace où le sujet peut être créatif, expérimenter, et exister pleinement.
La théâtrothérapie reprend cette idée : on joue « comme si », pour mieux comprendre ce qui est.

Didier Anzieu : le Moi-peau et l’enveloppe psychique

L’engagement du corps, de la voix et du mouvement permet de travailler l’unité psychique et l’enveloppe protectrice du Moi.

Blatner : le psychodrame comme outil de développement

Adam Blatner, l’un des principaux théoriciens contemporains du psychodrame, insiste sur son pouvoir à élargir la conscience, la créativité et les possibilités d’être.

Approche psychanalytique du psychodrame

En France, Le Guen, Kestemberg et d’autres ont développé un psychodrame psychanalytique, mettant l’accent sur le transfert, l’interprétation et la symbolisation.

Pour quels patients ?

Le psychodrame et la théâtrothérapie sont utiles dans de nombreuses situations :

  • difficultés relationnelles,
  • anxiété, inhibition, phobie sociale,
  • dépression, troubles de l’estime de soi,
  • traumatismes (dans un cadre adapté),
  • troubles psychosomatiques,
  • accompagnement des adolescents,
  • travail sur les émotions.

Ces approches sont particulièrement bénéfiques pour les personnes qui ont du mal à verbaliser ou à accéder à leur vécu interne.

En séance : comment cela se passe ?

En psychodrame

  • Le thérapeute propose de jouer une scène réelle ou imaginaire.
  • Le patient choisit qui incarne les rôles.
  • Les scènes sont rejouées, transformées, amplifiées.

Ce travail mobilise le corps, la mémoire émotionnelle et la symbolisation.

En théâtrothérapie

Les outils peuvent être :

  • jeux d’improvisation,
  • travail sur les masques,
  • exploration de la voix,
  • posture corporelle,
  • scènes imaginées ou inspirées de la vie quotidienne.

L’essentiel est le processus, pas la performance.

Les effets thérapeutiques : mettre son histoire en mouvement

Le jeu dramatique :

  • désamorce les défenses,
  • active la mémoire affective,
  • permet d’externaliser et transformer des émotions difficiles,
  • ouvre d’autres possibles psychiques,
  • crée un sentiment de sécurité et de soutien dans le groupe.

La scène devient un lieu où l’on peut répéter, réparer et réinventer.

Références théoriques majeures

  • Moreno, J. L. (1946). Psychodrama. Beacon Press.
  • Blatner, A. (1996). Acting-In: Practical Applications of Psychodramatic Methods. Springer.
  • Winnicott, D. W. (1971). Jeu et réalité. Gallimard.
  • Anzieu, D. (1985). Le Moi-peau. Dunod.
  • Kestemberg, E. (1968). Le psychodrame psychanalytique. PUF.
  • Le Guen, C. (1985). Psychodrame et psychanalyse. Payot.

Conclusion : la puissance transformatrice du jeu

La théâtrothérapie et le psychodrame offrent un espace unique où le corps, la parole, le mouvement et l’émotion se rencontrent.
En permettant au patient de mettre en scène ses conflits internes, ces approches ouvrent un chemin vers la symbolisation, la créativité et la transformation. Elles rappellent que la thérapie n’est pas seulement un travail de parole, mais aussi un travail de présence, de mouvement et de création.

Les thérapies originales : redécouvrir le soin autrement

Qu’est-ce qu’une thérapie originale ?

Depuis quelques années, le monde de la psychologie et du bien-être s’ouvre à des formes de thérapies alternatives et originales, qui sortent du cadre traditionnel du cabinet. Ces approches visent à replacer le corps, la créativité et l’environnement au cœur de la rencontre thérapeutique.

Parmi elles, on retrouve la walking thérapie, mais aussi l’art-thérapie, la musicothérapie ou encore la thérapie par les animaux. Ces pratiques invitent à expérimenter le soin autrement, dans un espace plus vivant, plus libre, et souvent plus proche de soi.

La walking thérapie : marcher pour mieux penser

Une approche en mouvement

La walking thérapie, ou thérapie en marchant, est une méthode où le thérapeute et le patient échangent tout en marchant, souvent en plein air. Cette pratique est née dans les pays anglo-saxons et séduit de plus en plus de psychologues et de coachs en France. Marcher côte à côte plutôt que de se faire face permet d’instaurer un climat de confiance et de détente, tout en réduisant la tension souvent ressentie lors d’un entretien en face à face.

Les bienfaits psychologiques et physiques

  • Réduction du stress et de l’anxiété grâce au contact avec la nature.
  • Amélioration de la concentration et de la clarté mentale, stimulée par le mouvement.
  • Favorisation de la parole : marcher aide à libérer les émotions et les pensées bloquées.
  • Connexion corps-esprit : le mouvement physique accompagne le mouvement psychique.

Plusieurs études montrent que la marche favorise la production d’endorphines, ces hormones du bien-être, et stimule la créativité. La walking thérapie devient ainsi un espace où le corps participe activement au processus de guérison.

D’autres thérapies originales à découvrir

L’art-thérapie : s’exprimer autrement que par les mots

Peinture, collage, modelage… L’art-thérapie utilise la création artistique pour explorer les émotions et favoriser la symbolisation. Elle s’adresse particulièrement aux personnes qui ont du mal à mettre leurs ressentis en mots.

La musicothérapie : le pouvoir des sons et des vibrations

La musique apaise, stimule, réveille des souvenirs. En musicothérapie, le son devient un médiateur entre le monde intérieur et le monde extérieur.

La zoothérapie : le lien réparateur avec l’animal

Chiens, chevaux, lapins… Les animaux médiateurs jouent un rôle apaisant et sécurisant, particulièrement auprès des enfants ou des personnes en souffrance psychique.

Pourquoi choisir une thérapie originale ?

Opter pour une approche thérapeutique originale, c’est :

  • Chercher une autre manière de se reconnecter à soi.
  • Redonner une place au corps et à la nature dans la santé mentale.
  • Explorer des formes de soin plus créatives, vivantes et accessibles.

Ces pratiques ne remplacent pas les thérapies classiques, mais elles les complètent, en offrant une expérience sensorielle et émotionnelle différente.

Comment choisir la thérapie qui vous correspond ?

Avant de vous lancer, il est essentiel de :

  • Vérifier la formation du thérapeute (psychologue, art-thérapeute, etc.).
  • Prendre le temps d’échanger sur votre motivation et vos besoins.
  • Vous laisser guider par ce qui vous parle le plus : le mouvement, la nature, l’art ou la musique.

En conclusion

Les thérapies originales comme la walking thérapie invitent à sortir du cadre, à respirer, à retrouver du mouvement et du sens.
Elles témoignent d’un changement profond dans notre rapport au soin : un retour à l’humain, à la nature et à la liberté d’être soi.

Traumatisme et fragilité du Moi

Introduction

La bouffée délirante aiguë (BDA) est un épisode psychotique soudain, souvent spectaculaire, qui fait rupture avec le fonctionnement psychique habituel. Si l’on connaît bien son expression clinique, son articulation avec le traumatisme et les fragilités préexistantes demeure fondamentale pour comprendre son émergence et ses enjeux thérapeutiques.

Dans cet article, nous explorons comment un événement traumatique, même apparemment minime, peut agir comme un point de surcharge venant rompre un équilibre psychique déjà fragile, donnant lieu à un processus délirant qui constitue parfois une ultime tentative de survie psychique.

La fragilité antérieure : un terrain vulnérable

Un Moi déjà mis à l’épreuve

La BDA survient souvent chez des sujets disposant d’un étayage narcissique fragile, d’une identité peu consolidée ou d’une capacité limitée à symboliser les éprouvés internes. Cette fragilité peut prendre la forme :

  • d’une insécurité affective ancienne,
  • d’expériences précoces d’abandon ou de discontinuité,
  • d’une organisation limite de la personnalité,
  • ou d’un déficit des fonctions de contenance (Winnicott, 1956 ; Bion, 1962).

Henry Ey (1973) parlait, à propos de la BDA, d’une « structure psychique vulnérable », sur laquelle un événement vient faire pression jusqu’à l’effondrement de la cohésion du Moi.

Le défaut de contenance interne et externe

Pour Bion (1962), lorsque l’appareil psychique ne peut pas métaboliser les émotions intenses, celles-ci se présentent comme des “éléments bêta” : non transformés, invasifs, impossibles à penser.
Chez certains sujets fragiles, une émotion trop intense peut alors provoquer une désorganisation catastrophique, ouvrant la voie à l’accès délirant.

Ce défaut de contenance est souvent aggravé par un contexte relationnel pauvre, intrusif ou insécurisant. Sans “autrui contenant”, le sujet se retrouve seul face à un afflux pulsionnel ou traumatique.

Le rôle du traumatisme : une déflagration psychique

Le traumatisme comme excès non assimilable

Qu’il soit massif (agression, accident, rupture brutale) ou plus diffus (micro-traumatismes répétés, surcharge anxieuse), le traumatisme agit comme un trop-plein émotionnel que le psychisme ne peut symboliser.

Freud (1920) décrivait déjà le traumatisme comme une irruption de stimuli excédant la capacité du pare-excitation.
Dans la BDA, cette irruption déborde les défenses habituelles, laissant le Moi en état d’hémorragie psychique.

De l’effraction traumatique à l’effondrement du Moi

Chez un sujet fragile, le traumatisme agit comme une effraction, comparable à une brèche ouverte dans les limites du Moi. L’événement traumatique réactive parfois des strates anciennes de détresse, de désorganisation précoce ou de ruptures d’étayage. Le psychisme se retrouve alors confronté à :

  • une angoisse non nommable,
  • une perte de repères,
  • une montée d’excitations insupportables,
  • une menace de dissolution identitaire.

C’est dans ce contexte que peut émerger la bouffée délirante.

La BDA comme tentative de restauration face au trauma

Le délire : un appareillage de survie

Contrairement à une vision réductrice, le délire n’est pas seulement une perte de réalité.
Il est, selon Freud (1924) mais aussi Clérambault (1921), une tentative de reconstruction psychique. Le délire vient :

  • donner sens à ce qui est insensé,
  • figurer l’infigurable,
  • contenir l’excès traumatique,
  • restaurer symboliquement un Moi menacé d’effondrement.

Autrement dit, la BDA peut être comprise comme une réponse psychotique à un réel traumatique impossible à intégrer.

Une mise en scène du trauma

La pensée délirante offre une mise en scène, parfois métaphorique, de l’expérience traumatique.
Par exemple :

  • un vécu d’emprise peut se transformer en persécution,
  • une humiliation en délire de grandeur,
  • une perte en mission mystique.

Le délire organise ce qui ne pouvait pas l’être et redonne une forme, même pathologique, à l’expérience.

Trauma, vulnérabilité et psychose : un modèle en trois temps

On peut résumer la dynamique en trois temps cliniques :

Une fragilité de fond

Déficit de contenance, dépendance narcissique, faille identitaire.

Un événement traumatique

Effraction, surcharge, rupture, excès émotionnel.

Une réponse délirante

Protection, sens, tentative d’auto-cohésion.

Ce modèle est proche de la conception d’Ey (1973), pour qui la psychose aiguë est l’effondrement d’un système déjà vulnérable sous l’effet d’un choc.

Enjeux thérapeutiques : contenir la détresse traumatique

Le clinicien comme pare-excitation

Dans la phase aiguë, le soin vise à recréer une enveloppe psychique externe, permettant au patient de retrouver une cohérence minimale.

Cela implique :

  • une attitude stable et calme,
  • une présence non intrusive,
  • une clarification du cadre,
  • une mise en mots prudente du vécu,
  • et parfois une hospitalisation.

Le clinicien devient alors une fonction de pare-excitation, suppléant temporairement les mécanismes internes défaillants.

Travailler ensuite la trace traumatique

La prise en charge post-critique doit intégrer un travail sur :

  • ce qui a fait effraction,
  • les vulnérabilités anciennes réactivées,
  • les ruptures d’étayage,
  • la reconstruction identitaire.

Ce travail thérapeutique vise à éviter qu’un nouveau traumatisme ne réactive une déstabilisation majeure.

Conclusion

La bouffée délirante aiguë ne peut être comprise sans prendre en compte la rencontre entre un traumatisme et une fragilité antérieure. L’accès délirant est souvent la tentative ultime du sujet pour survivre psychiquement à l’effraction traumatique.Comprendre cette dynamique permet de proposer un soin ajusté, respectueux, et centré sur la restauration progressive de la continuité psychique.

Références théoriques

  • Bion, W. R. (1962). Learning from Experience. Londres : Heinemann.
  • De Clérambault, G. (1921). Psychoses passionnelles. Paris : Masson.
  • Ey, H. (1973). Manuel de psychiatrie. Paris : Masson.
  • Freud, S. (1920). Au-delà du principe de plaisir.
  • Freud, S. (1924). La perte de la réalité dans la névrose et la psychose.
  • Winnicott, D. W. (1956). Primary maternal preoccupation. In Collected Papers. Londres : Tavistock.
  • Herman, J. (1992). Trauma and Recovery. New York : Basic Books.
  • Van der Kolk, B. (2014). The Body Keeps the Score. New York : Viking.

La Bouffée Délirante Aiguë Polymorphe

La Bouffée Délirante Aiguë Polymorphe (BDAP) est un épisode psychotique soudain, intense et généralement transitoire. Elle survient parfois chez des personnes jusque-là sans antécédents psychiatriques, et marque une rupture radicale dans la continuité du vécu psychique. Bien que souvent spectaculaire, elle bénéficie d’un bon pronostic lorsqu’elle est prise en charge rapidement.

Qu’est-ce qu’une bouffée délirante aiguë polymorphe ?

La BDAP fait partie des troubles psychotiques aigus et transitoires décrits dans la CIM-10 et la CIM-11. Son apparition est brutale : en quelques heures ou en quelques jours, la personne développe un délire polymorphe, c’est-à-dire changeant, multiforme, passant d’une thématique à une autre sans logique apparente. Les hallucinations peuvent être auditives, visuelles ou corporelles, et les émotions fluctuent de manière extrême : euphorie, angoisse, confusion, sidération.

L’épisode s’inscrit dans un tableau très instable : ce que la personne affirme au matin peut s’être transformé radicalement le soir. Cette grande variabilité, associée à l’absence d’antécédents psychotiques, aide à différencier la BDAP d’autres troubles comme la schizophrénie ou les troubles bipolaires.

À qui cela arrive-t-il ?

La BDAP survient le plus souvent chez des jeunes adultes, même si tous les âges peuvent être concernés. Elle apparaît fréquemment dans un contexte de stress aigu, de bouleversement de vie ou d’épuisement psychique. Les facteurs déclenchants peuvent être un deuil, une rupture, une situation de pression professionnelle, un isolement, une migration ou un événement vécu comme écrasant.

Ce trouble ne résulte pas d’une faiblesse de caractère : il est plutôt la rencontre entre une vulnérabilité individuelle, souvent invisible, et un événement de vie dépassant les capacités d’adaptation habituelles.

Comment se manifestent les symptômes ?

L’un des aspects les plus caractéristiques est la rupture nette avec le réel. La personne adhère à des croyances délirantes mouvantes : se sentir surveillée, investie d’une mission, persuadée que des messages lui sont adressés, ou convaincue que son corps se transforme.

À ces convictions s’ajoutent une agitation ou, au contraire, un retrait intense. La pensée devient difficile à suivre, parfois décousue. L’émotion est amplifiée et instable : une joie intense peut laisser place en quelques heures à une terreur profonde.

Pour l’entourage, la situation peut être incompréhensible et très anxiogène. L’individu semble tout à coup « ne plus être lui-même », alors que, de son point de vue, ce qu’il vit est d’une évidence absolue.

Comprendre les causes : une rencontre entre stress et vulnérabilité

Aucune cause unique ne permet d’expliquer la BDAP. Les recherches mettent en avant une combinaison de facteurs biologiques (hypersensibilité dopaminergique), psychologiques (vulnérabilité émotionnelle, stress chronique) et contextuels (événements de vie intenses).

Souvent, l’épisode survient après des semaines ou des mois d’épuisement intérieur, parfois passé inaperçu. La bouffée délirante apparaît alors comme une rupture brutale dans une trajectoire déjà fragilisée, même si la personne ne s’en rendait pas compte avant l’épisode.

Cas clinique fictif : L’histoire de Camille, 27 ans

Camille, 27 ans, travaille depuis deux ans dans une start-up en pleine expansion. Les horaires sont instables, la charge de travail importante, et une restructuration récente a entraîné la suppression de plusieurs postes. Dans le même temps, Camille se sépare de son compagnon avec qui elle partageait un appartement. Elle dort peu, mange moins, s’isole davantage.

Un soir, après plusieurs jours de grande fatigue, Camille croit entendre des voix venant de l’appartement voisin. Ces voix semblent commenter ses actions. D’abord inquiète, elle pense ensuite qu’on tente de lui transmettre un message important. Le lendemain, convaincue d’avoir un rôle essentiel à jouer, elle se met à déambuler dans la rue, persuadée que des signes lui sont adressés.

Son comportement attire l’attention de passants qui alertent les secours. Aux urgences psychiatriques, Camille explique ressentir une « évidence » : elle serait chargée de protéger la ville d’un danger imminent. Quelques heures plus tard, cette conviction s’efface pour laisser place à une peur extrême d’être surveillée par une organisation secrète.

Après plusieurs jours d’hospitalisation et un traitement antipsychotique léger, Camille retrouve progressivement son ancrage dans le réel. Elle raconte ensuite s’être sentie « submergée par quelque chose de trop fort ». Un suivi psychothérapeutique l’aide à comprendre l’impact du stress prolongé, l’épuisement silencieux qui a précédé l’épisode et les signaux d’alerte pour prévenir une éventuelle récidive.

Comment se déroule la prise en charge ?

Dans la majorité des cas, le premier enjeu est la sécurisation. L’hospitalisation peut être nécessaire si la personne est confuse, agitée ou en danger. Un traitement antipsychotique est mis en place, souvent à faible dose et pour une durée limitée.

Une fois la phase aiguë passée, l’accompagnement psychothérapeutique prend toute son importance. Il permet à la personne de donner sens à ce qui s’est produit, de travailler sur les facteurs déclenchants et de restaurer ses capacités d’autorégulation émotionnelle.

L’entourage, souvent bouleversé par la soudaineté de l’épisode, bénéficie également d’informations et de soutien pour comprendre ce qu’il s’est passé.

Quel pronostic ?

Contrairement à d’autres troubles psychotiques, la bouffée délirante aiguë polymorphe présente souvent un pronostic favorable : la rémission est généralement complète. Cependant, un suivi reste nécessaire, car une partie des patients peut présenter un nouvel épisode ou évoluer vers un trouble de l’humeur ou, plus rarement, vers une schizophrénie.

Un accompagnement régulier, une bonne hygiène de vie psychique, et une prise en compte des signaux précoces de stress constituent les meilleurs outils de prévention.

Références théoriques

  • Ey, H., Bernard, P., & Brisset, C. (1974). Manuel de psychiatrie. Masson.
  • Gaillard, R. (2018). Psychiatrie clinique. Elsevier Masson.
  • Pichot, P. (1995). Les états psychotiques aigus. Paris : PUF.
  • Organisation Mondiale de la Santé (CIM-10 & CIM-11). Troubles psychotiques aigus et transitoires.
  • Haute Autorité de Santé (HAS). Premiers épisodes psychotiques : recommandations de bonnes pratiques.

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  • Assurez-vous de remplir les conditions précises de l’appel à candidature local (âge au 1er janvier, situation, domicile…).

Comment en bénéficier ?

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  5. Attention aux dates : certaines offres sont limitées dans le temps ou doivent être utilisées avant une date d’expiration.

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  • Vérifiez si le crédit est cumulable avec d’autres aides ou promotions jeunes déjà existantes.
  • Utilisez-le rapidement si une date limite est fixée : beaucoup de jeunes «oublient» d’activer ou d’utiliser leur crédit.
  • Partagez l’information autour de vous : amis, association de jeunesse, établissement scolaire, pour que personne ne passe à côté.

Conclusion

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IA et psychologie : pourquoi l’intelligence artificielle ne remplacera jamais la relation thérapeutique

L’intelligence artificielle occupe aujourd’hui une place croissante dans le domaine de la santé mentale. Applications conversationnelles, programmes de soutien émotionnel, algorithmes d’analyse du langage : les outils se multiplient et offrent parfois l’illusion d’une écoute ou d’une aide psychologique. Pourtant, du point de vue de la psychanalyse, aucune IA ne peut se substituer au lien réel entre un patient et un psychologue. Ce lien est traversé par le transfert, dimension fondamentale de la clinique, impossible à reproduire artificiellement.

L’apparente écoute de l’IA : une illusion d’altérité

Les systèmes d’IA donnent l’impression d’une écoute apaisante, d’une disponibilité totale et d’une neutralité qui semble idéale. Mais cette neutralité n’a rien à voir avec celle décrite par Freud dans « Conseils au médecin sur le traitement analytique » (1912). Chez l’analyste, la neutralité est un positionnement symbolique, soutenu par un sujet humain, traversé par son histoire et par sa propre inscription dans le langage.

Une IA ne désire pas, ne doute pas, ne se laisse pas toucher par la parole de l’autre. Elle n’occupe pas la place d’un sujet mais celle d’un traitement automatique des signifiants. Elle simule une attitude mais ne l’incarne pas. L’impression d’écoute n’est qu’un effet de surface produit par le calcul.

L’inconscient ne se réduit pas à des données

Freud définit l’inconscient comme un système régi par des processus spécifiques : déplacement, condensation, répétition. Ces mouvements ne suivent pas la logique rationnelle mais celle du désir et du refoulement. Une IA peut repérer des motifs linguistiques mais elle ne peut pas interpréter, au sens psychanalytique du terme.

Lacan rappelle que « le sujet est ce que représente un signifiant pour un autre signifiant » (1957). L’IA, elle, traite les signifiants sans être sujet de leur articulation. Elle n’a pas d’inconscient. Elle ne peut ni se laisser surprendre par un lapsus, ni entendre l’ambiguïté, ni soutenir le silence. Autant d’éléments constitutifs du travail clinique réel.

Le transfert : cœur de la relation thérapeutique

Le transfert est le moteur de toute cure psychologique d’inspiration psychanalytique. C’est le mouvement par lequel le patient adresse à son thérapeute des attentes, des affects et des représentations qui rejouent des expériences anciennes. Le thérapeute devient alors, malgré lui, une figure investie, un support sur lequel se rejouent les conflits psychiques.

Mais pour qu’il y ait transfert, il faut un autre vivant, c’est-à-dire un sujet capable d’être touché, de supporter l’adresse, d’être affecté. C’est la présence réelle du thérapeute : son silence, sa respiration, son regard, sa façon de soutenir l’attente… qui permet au transfert de se déployer et de se transformer.

Une IA n’a pas de corps, pas de regard, pas de temporalité propre. Elle ne soutient pas l’incertitude, n’éprouve pas l’angoisse, ne participe pas au jeu symbolique de la relation humaine. Sans sujet, il n’y a pas de transfert. Et sans transfert, il n’y a pas de véritable psychothérapie.

Le corps et le réel : des dimensions irréductibles

La rencontre clinique implique un corps présent : posture, rythmes, intonations, gestes. Tout cela fait partie du symbolique et du réel. Le corps du thérapeute est un lieu d’adresse, un point fixe où le patient peut déposer quelque chose de lui-même. Lacan souligne que le réel est ce qui résiste à la symbolisation complète. Or l’IA, même avec une interface visuelle sophistiquée, reste sans réel, sans faille, sans opacité.

Cette absence prive la relation de ce qui fait son efficacité : une confrontation à un autre que l’on ne maîtrise pas entièrement, un autre qui fait limite. C’est précisément cette limite qui permet au sujet de se transformer.

L’IA comme symptôme contemporain

L’idéal d’une thérapie par IA exprime quelque chose de notre époque : la recherche d’un Autre sans faille, toujours disponible, jamais intrusif. Lacan dirait que l’IA est un nouvel avatar de l’« Autre supposé savoir », supposé tout comprendre et tout anticiper. Mais dans la clinique, ce n’est pas le savoir qui soigne : c’est la parole adressée, le manque, la rencontre, la surprise.

L’IA flatte le fantasme d’un savoir total, alors qu’elle ignore précisément ce qui fait l’humain : la division subjective, le désir, l’inconscient.

Une complémentarité possible, mais pas une substitution

L’IA peut soutenir la pratique psychologique : outils d’analyse, applications pour le suivi, ressources pédagogiques. Elle peut être une aide, mais jamais un substitut. Le soin psychique repose sur une rencontre entre deux sujets. La machine n’est pas un sujet. Elle ne peut accueillir, transférer, supporter, ni transformer.

L’IA peut fournir des réponses.
Le psychologue, lui, accueille une parole.

L’IA peut simuler la conversation.
Le psychologue soutient un lien, qui engage le corps, le désir et l’inconscient.

C’est pourquoi l’intelligence artificielle, même perfectionnée, ne pourra jamais remplacer le travail clinique réel.

Références

Freud, S. (1912). Conseils au médecin sur le traitement analytique.
Freud, S. (1915). L’inconscient.
Freud, S. (1920). Au-delà du principe de plaisir.
Lacan, J. (1957). La chose freudienne.
Lacan, J. (1964). Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse.
Roussillon, R. (1999). Agonie, clivage et symbolisation.
Anzieu, D. (1985). Le Moi-peau.

La mort : lecture freudienne et lacanienne

La mort occupe, dans la pensée psychanalytique, une place paradoxale : omniprésente dans l’expérience humaine mais strictement impossible à représenter dans l’inconscient. Freud comme Lacan en font un opérateur fondamental de la vie psychique, une limite structurante qui organise le désir, les liens à l’autre et les mouvements pulsionnels. Penser la mort en psychanalyse, ce n’est pas décrire un événement biologique mais saisir ce qui, dans le sujet, se constitue autour de son impossibilité.

La mort comme irreprésentable : l’apport freudien

Freud souligne dès 1915 que la mort n’a pas d’inscription directe dans l’inconscient. Celui-ci ignore la négation, le temps, la fin. La mort proprement dite ne peut donc être vécue psychiquement : lorsqu’un sujet « imagine » sa mort, il s’y voit toujours vivant, témoin de sa propre disparition. Cette impossibilité radicale de penser sa mort ouvre un champ de mécanismes défensifs : déni de la finitude, projection de la mort sur l’autre, rituels culturels pour symboliser l’insymbolisable.

La mort ne se manifeste pas comme expérience subjective mais comme perte d’objet. Ce que le sujet rencontre réellement, ce n’est jamais sa propre mort, mais la disparition de ceux qu’il investit. Freud distingue alors le deuil, où le sujet désinvestit progressivement l’objet perdu et la mélancolie. Où la perte reste énigmatique, incorporée, conduisant à une identification mortifère à l’objet et à une auto-dépréciation radicale. Dans cette perspective, la mort n’est pas seulement une limite mais un opérateur psychique qui organise les relations d’objet.

La pulsion de mort : au-delà du principe de plaisir

Avec l’introduction de la pulsion de mort en 1920, Freud formalise une tendance fondamentale du psychisme à revenir vers un état antérieur, inorganisé, sans tension. La pulsion de mort n’est pas un désir de mourir. Elle est un principe économique visant la réduction absolue des excitations. Ce mouvement se déploie dans la répétition, l’auto-sabotage, les comportements destructeurs ou l’attirance pour des situations dangereuses.

La pulsion de mort opère silencieusement, toujours articulée à Éros, la pulsion de vie. Freud affirme ainsi que la vie psychique est construite sur une tension interne. Entre un mouvement vers la liaison, l’union, la conservation (Éros) et un mouvement vers la déliaison, la destruction, la réduction (Thanatos). La mort n’est donc pas une menace externe mais une dimension interne du fonctionnement psychique.

La mort comme limite du symbolique et bord du désir

Lacan radicalise l’idée freudienne en affirmant que la mort fonctionne comme le point ultime d’impossible. Elle représente la limite du symbolique : ce que le langage ne peut saisir, ce que le sujet ne peut signifier. La mort est ce qui échappe à la chaîne des signifiants, mais qui paradoxalement, la structure.

Pour Lacan, le sujet se constitue à partir d’un manque fondamental, d’une perte originaire. La mort, envisagée comme lieu d’impossible, donne forme à ce manque et oriente le désir. Sans limite, il n’y aurait ni désir ni sujet. La mort devient alors ce qui introduit la temporalité, la finitude, l’urgence, la transmission. Elle est la figure extrême du réel, ce réel qui résiste à toute symbolisation.

L’angoisse de mort, chez Lacan, n’est jamais l’angoisse de cesser d’exister. Il s’agit de l’angoisse d’un rapport perturbé au désir de l’Autre : être abandonné, être englouti, être réduit à l’objet. La mort subjective est donc pensée comme effacement de la place dans le désir de l’Autre.

La mort dans la clinique : rêves, symptômes, transferts

Dans la pratique clinique, la mort apparaît moins comme idée que comme manifestation indirecte : rêves de chute, effondrement, disparition d’êtres chers ; phobies liées à l’accident ou à la maladie ; rituels obsessionnels visant à maîtriser la perte ; actes destructeurs ; fantasmes de disparition ; angoisses de séparation.

Elle s’actualise également dans le transfert : demandes de sauvetage, menaces de rupture, dépendances massives, idéalisation de l’analyste ou, à l’inverse, agressivité extrême. Ces mouvements témoignent d’une confrontation à la perte, à la castration symbolique et à la dimension mortifère des pulsions.

La mort, réelle ou fantasmée, agit donc comme un signifiant limite qui organise les modalités d’attachement, les défenses et les répétitions du sujet.

Conclusion

La psychanalyse, avec Freud et Lacan, montre que la mort n’est pas seulement un événement biologique mais un opérateur fondamental de la vie psychique. Elle ne peut être représentée, mais elle organise les liens, les pertes et les mouvements pulsionnels. La mort est le réel impossible, la limite autour de laquelle s’articulent désir, symbolisation et subjectivation. Elle est la condition tragique mais nécessaire qui donne à la vie son contour, sa densité et sa valeur.

Comprendre notre rapport à l’argent

Notre rapport à l’argent occupe une place centrale dans nos vies : il influence nos choix, nos projets, nos relations. Pourtant, notre manière de gérer, de dépenser ou d’économiser n’a rien de rationnel. Elle est profondément influencée par notre histoire psychique et notre monde inconscient.

Loin d’être un simple outil économique, l’argent est un symbole : de valeur, de sécurité, de manque, de désir. La psychologie et la psychanalyse montrent que notre rapport à celui ci révèle une part intime de qui nous sommes.

L’argent : un héritage psychologique venu de l’enfance

Le rapport à l’argent se construit très tôt, bien avant que nous ne gagnions notre premier euro. Nos croyances viennent souvent de l’enfance, à travers :

  • les attitudes parentales (« il faut être prudent », « l’argent est dangereux », « on ne manque jamais de rien »),
  • les expériences de manque ou d’abondance,
  • la honte ou la fierté associée aux dépenses,
  • la façon dont la valeur personnelle était reconnue ou non.

Ainsi, deux adultes ayant le même niveau de revenu peuvent avoir un rapport totalement opposé à l’argent.
Ce qui fait la différence, c’est l’histoire émotionnelle derrière chaque euro.

Freud et l’argent : contrôle, rétention et valorisation

Freud fait un lien direct entre l’argent et la phase anale du développement.
Il observe des équivalences symboliques entre :

  • propreté / saleté,
  • don / rétention,
  • maîtrise / lâcher-prise.

Selon Freud, les premières expériences liées à la propreté (retenue, contrôle, valorisation ou punition) influencent plus tard le rapport à l’argent.

Ainsi, chez l’adulte :

  • celui qui économise à l’excès peut chercher à maintenir un contrôle strict,
  • celui qui dépense sans compter peut tenter de se libérer d’une tension interne,
  • celui qui donne beaucoup peut éprouver un besoin de réparation ou de purgation,
  • celui qui refuse catégoriquement de prêter peut être pris dans une dynamique inconsciente de rétention.

Freud montre que l’argent est un objet substitutif utilisé pour gérer des conflits internes inconscients.

Lacan : l’argent comme signifiant du désir et du manque

Lacan, quant à lui, conceptualise l’argent comme un signifiant majeur du désir.
Pour lui, l’argent n’est jamais simplement économique : il est pris dans l’ordre symbolique qui structure chaque sujet.

Il devient alors un indicateur de :

  • notre rapport au manque,
  • ce que nous pensons valoir,
  • la place que nous cherchons dans le désir de l’autre,
  • ce que nous croyons devoir donner pour être aimés.

Lacan rappelle que le sujet humain est structuré par un manque fondamental.
Ce manque, impossible à combler, peut être déplacé vers l’argent :
amasser pour combler, dépenser pour exister, offrir pour être reconnu, refuser pour se défendre.

Dans cette perspective :

  • celui qui accumule cherche souvent la maîtrise du manque,
  • celui qui dépense cherche parfois à éviter le vide intérieur,
  • celui qui n’ose pas demander sa valeur (prix, salaire) lutte contre un sentiment d’indignité,
  • celui qui est toujours “à découvert” rejoue inconsciemment une position de dépendance.

Ce que votre rapport à l’argent révèle de vous

La peur de dépenser

Souvent liée à un vécu ancien d’insécurité ou à une angoisse de perte.

Les dépenses compulsives

Elles peuvent compenser une tension émotionnelle ou une difficulté à tolérer le manque.

La culpabilité à se faire plaisir

Elle indique parfois une croyance profonde : “Je ne mérite pas” ou “le plaisir se paie”.

L’excès de générosité

Le don peut devenir un moyen d’obtenir l’amour, l’approbation ou la reconnaissance de l’autre.

L’évitement des questions financières

Il peut révéler une difficulté à se positionner, à se sentir légitime ou à prendre sa place.

L’argent dans la relation : un langage silencieux

Dans les couples, les familles ou les relations professionnelles, il fonctionne comme un langage inconscient.

  • Qui paie ?
  • Qui donne ?
  • Qui contrôle ?
  • Qui dépend ?
  • Qui doit quelque chose à l’autre ?

Chaque position raconte une dynamique psychique : pouvoir, dépendance, autonomie, reconnaissance, désir de l’autre ou besoins non avoués. Les conflits d’argent sont rarement des conflits financiers. Ce sont souvent des conflits de valeur, de place ou de reconnaissance.

Vers un rapport plus apaisé à l’argent

Se libérer de ses blocages financiers, ce n’est pas seulement apprendre à mieux gérer son budget.
C’est surtout :

  • identifier l’histoire émotionnelle attachée à l’argent,
  • reconnaître les peurs héritées,
  • comprendre les comportements inconscients,
  • se donner la permission d’occuper pleinement sa valeur,
  • redonner à l’argent sa fonction d’outil et non d’objet de tension.

Lorsque l’on comprend ce qu’il représente pour nous, il cesse d’être un fardeau et redevient un support de liberté et de choix.

Infidélité : comprendre les causes, les impacts et la reconstruction

L’infidélité est l’une des épreuves les plus douloureuses qu’un couple puisse traverser. Elle confronte les partenaires à des émotions intenses : choc, colère, tristesse, perte de confiance et incompréhension. Pourtant, derrière ce mot lourd de sens se cache une réalité complexe, qui mérite d’être explorée avec nuance.

Qu’est-ce que l’infidélité ?

L’infidélité ne se résume pas à une relation sexuelle en dehors du couple. Elle peut être émotionnelle, virtuelle, physique, ponctuelle ou durable. Ce qui la définit réellement, c’est la rupture d’un pacte (explicite ou implicite) entre deux partenaires.

Pour certains couples, échanger des messages ambigus est déjà une trahison ; pour d’autres, seule la relation physique marque la limite. L’infidélité dépend donc toujours du cadre que le couple a instauré.

Pourquoi l’infidélité survient-elle ?

Les insatisfactions dans la relation

Manque de communication, routine, frustrations récurrentes, absence de tendresse…
L’infidélité traduit parfois une souffrance silencieuse ou un besoin affectif non comblé.

Les fragilités personnelles

Certaines personnes cherchent à travers l’infidélité :

  • une validation,
  • une échappatoire,
  • une sensation de liberté,
  • ou un moyen de se reconnecter à elles-mêmes.

L’opportunité

Un contexte particulier (déplacement, soirée, réseaux sociaux…) peut favoriser un passage à l’acte, surtout si le couple traverse une période tendue.

Les périodes de transition

Naissance, deuil, stress professionnel, crises identitaires…
Les moments de changement peuvent fragiliser la dynamique relationnelle.

Les conséquences de l’infidélité sur le couple

La perte de confiance

C’est la blessure la plus profonde. La personne trompée peut ressentir un sentiment d’insécurité majeur.

L’impact sur l’estime de soi

L’infidélité provoque souvent des remises en question douloureuses :
« Suis-je assez bien ? Pourquoi cela m’arrive-t-il ? »

Les difficultés de communication

Questions répétitives, colère, silences, disputes…
Le dialogue devient instable et fragile.

La remise en question du couple

L’infidélité agit comme un révélateur. Elle oblige à revisiter les fondations du couple et à interroger son avenir.

Peut-on surmonter une infidélité ?

La réponse est oui mais cela demande un travail profond des deux partenaires.

Une volonté réelle de reconstruire

On ne répare pas un couple seul.
Chacun doit être engagé sincèrement dans le processus.

Une communication authentique

Il est essentiel de pouvoir :

  • exprimer sa souffrance,
  • poser des questions,
  • comprendre les raisons du passage à l’acte.

La reconnaissance des blessures

Minimiser les faits empêche toute reconstruction.
La personne infidèle doit reconnaître l’impact émotionnel de ses actes.

Repenser les besoins et les attentes

Pour repartir sur de nouvelles bases, le couple doit clarifier :

  • ce qui a manqué,
  • ce qui doit changer,
  • les valeurs à préserver.

Le soutien d’un professionnel

La thérapie de couple permet :

  • d’apaiser les émotions,
  • de rétablir le dialogue,
  • de comprendre la dynamique relationnelle,
  • et d’évaluer l’avenir du couple.

Quand la séparation devient la meilleure option

Il arrive que l’infidélité mette en lumière une incompatibilité profonde :

  • tromperies répétées,
  • absence de remise en question,
  • mensonges chroniques,
  • violence psychologique,
  • manque total de volonté de reconstruire.

Dans ces situations, se séparer peut devenir un acte de préservation.

Une épreuve mais pas une fatalité

L’infidélité est une blessure réelle mais elle peut aussi être une opportunité de transformation.
Certains couples ressortent de cette crise plus solides, plus conscients et plus engagés.
D’autres choisissent de se séparer pour avancer vers une vie plus respectueuse de leurs besoins.

Dans tous les cas, l’essentiel est de suivre un chemin qui respecte votre dignité, votre intégrité émotionnelle et votre bien-être.

Pourquoi la dépression saisonnière influence notre moral ?

Qu’est-ce que la dépression saisonnière ?

La dépression saisonnière est une forme de dépression qui apparaît généralement à l’automne ou au début de l’hiver, lorsque la lumière naturelle diminue. Elle touche plus fréquemment les femmes et les personnes vivant dans des régions peu ensoleillées.

Les symptômes les plus fréquents :

  • Une baisse de l’énergie et une fatigue persistante,
  • Une tristesse ou un moral en berne,
  • Des troubles du sommeil (besoin accru de dormir ou insomnie),
  • Des envies de sucre ou de féculents,
  • Une perte d’intérêt pour les activités quotidiennes.

Ce trouble n’est donc pas un simple “coup de blues d’hiver” mais bien une réaction physiologique et psychique liée à la réduction de la lumière naturelle, qui perturbe la sécrétion de mélatonine (hormone du sommeil) et de sérotonine (hormone du bien-être).

Dépression saisonnière vs dépression classique : quelles différences ?

Il est essentiel de distinguer la dépression saisonnière de la dépression dite “classique” ou majeure.

Dépression saisonnièreDépression classique
Apparaît de manière cyclique (automne-hiver)Peut survenir à tout moment de l’année
Dépend fortement du manque de lumière naturelleFacteurs multiples : psychologiques, biologiques, traumatiques…
Disparaît souvent avec le retour du printempsPeut durer plusieurs mois ou années sans traitement
Répond bien à la luminothérapie et aux changements d’habitudesNécessite souvent une psychothérapie et/ou un traitement médicamenteux

En résumé : la dépression saisonnière a une origine biologique liée à la lumière tandis que la dépression classique résulte souvent de causes plus complexes et durables.

Pourquoi le manque de lumière affecte-t-il notre humeur ?

Lorsque le jour tombe plus tôt, notre cerveau produit davantage de mélatonine (ce qui augmente la fatigue) et moins de sérotonine (ce qui diminue le bien-être). Ce déséquilibre perturbe le rythme circadien, impactant notre sommeil, notre concentration et notre humeur. La lumière du jour agit comme un véritable “réveil naturel” pour notre organisme. Sans elle, notre horloge biologique se dérègle.

Comment surmonter la dépression saisonnière ?

Heureusement, il existe plusieurs solutions naturelles et efficaces pour prévenir et atténuer les symptômes de la dépression saisonnière.

Privilégier la lumière naturelle

Exposez-vous à la lumière du jour le plus possible :

  • Marchez 30 minutes chaque matin, même s’il fait gris,
  • Installez votre bureau près d’une fenêtre,
  • Ouvrez les volets dès le réveil.

Tester la luminothérapie

La luminothérapie consiste à s’exposer chaque jour à une lampe spéciale (10 000 lux environ) qui imite la lumière du soleil. Quelques semaines suffisent souvent pour retrouver énergie et motivation.

Bouger régulièrement

L’activité physique stimule la production d’endorphines et de sérotonine, les hormones du bien-être. Même une simple marche, du yoga ou quelques étirements quotidiens peuvent aider.

Adopter une alimentation équilibrée

Favorisez les aliments riches en vitamine D, oméga-3 et tryptophane : poissons gras, œufs, noix, bananes, légumineuses… et limitez le sucre et l’alcool.

Maintenir le lien social

Ne vous isolez pas. Partagez vos ressentis, participez à des activités collectives ou culturelles.

La chaleur humaine compense souvent le froid extérieur.

Consulter un professionnel si nécessaire

Si la fatigue ou la tristesse persistent, n’hésitez pas à consulter un psychologue ou un médecin. Un accompagnement psychothérapeutique peut aider à comprendre les causes profondes de cette vulnérabilité saisonnière et à renforcer ses ressources internes.

En résumé

La dépression saisonnière n’est pas une fatalité. En comprenant ses mécanismes et en adoptant quelques gestes simples, vous pouvez retrouver vitalité et sérénité, même lorsque le soleil se couche plus tôt.

Un peu de lumière, de mouvement et de bienveillance envers soi : le trio gagnant pour traverser l’hiver avec douceur.