De quoi parle t-on ?
Hier, à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, le regard collectif s’est tourné vers cette dimension essentielle souvent négligée : notre santé mentale. Mais que recouvre exactement ce concept ? Pourquoi la France l’a-t-elle érigée “Grande cause nationale 2025” ? Et qu’est ce que cela change-t-il, dans la représentation de chacun ?
Santé mentale : ce que dit l’OMS
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) la définit comme un état de bien-être dans lequel l’individu réalise ses propres capacités, peut faire face aux tensions normales de la vie, mener un travail productif et contribuer à sa communauté. Cette définition met clairement en avant que la santé mentale ne se limite pas à l’absence de trouble, mais inclut la résilience, le fonctionnement et la contribution sociale.
Pourtant, elle n’est pas exempte de critiques :
- Trop normative ou idéale ? Certains auteurs soulignent que l’idée d’un “état de bien-être” comme norme peut stigmatiser ceux qui traversent des périodes de crise (deuil, chômage, maladie).
- Contextualité et inégalités oubliées : la définition de l’OMS ne rend pas toujours compte des conditions sociales, économiques, culturelles et structurelles qui affectent cet état (précarité, discrimination, environnement, accès aux soins).
- Continuum et fluctuations : la santé mentale varie selon les moments de vie ; on peut présenter des fragilités psychiques sans qu’elles constituent un “trouble mental” au sens psychiatrique.
Ainsi, même si la définition de l’OMS constitue une base utile et largement admise, elle doit être pensée avec nuance et intégrée dans une perspective bio-psycho-sociale plus large.
Grande cause nationale en France en 2025
La désignation de Grande cause nationale 2025 traduit une prise de conscience politique et sociale majeure.
Quelques données marquantes en France :
- Chaque année, 13 millions de personnes présentent un trouble psychique.
- 53 % des Français déclarent avoir vécu un épisode de souffrance psychique sur les 12 derniers mois.
- Environ 1 personne sur 4 connaîtra un trouble mental à un moment de la vie.
- 23 % des Français estiment ne pas prendre soin de leur santé mentale (ce chiffre est plus élevé chez les jeunes (18-24 ans) et les femmes).
- En 2025, les urgences pour idées suicidaires ou gestes suicidaires sont en hausse, notamment chez les adolescents.

Les objectifs de cette grande cause nationale incluent l’amélioration de l’accès aux soins, le développement des métiers de la santé mentale et la réduction des inégalités territoriales dans l’offre de soin.
Cette démarche veut reconnaître que la santé mentale est un pilier de la santé publique, indispensable au bien-être, à la cohésion sociale et à la performance économique d’un pays.
Santé mentale et représentation
Quand une société fait de la santé mentale une cause nationale, cela induit quelques changements symboliques et pratiques :
- Diminution de la stigmatisation. En parlant publiquement de la souffrance psychique, on permet à chacun de sortir du silence, de reconnaître qu’il est légitime de demander de l’aide.
- Responsabilisation individuelle. Prendre soin de sa santé psychique devient un acte de vie quotidienne. Tout comme prendre soin de son alimentation ou de sa condition physique.
- Légitimation du besoin de soin. Reconnaître que tout le monde peut éprouver des difficultés psychiques, sans “faiblesse” morale, renforce la norme que le soin psychologique est un soin à part entière.
- Demande de meilleurs services. En tant que citoyens, cette cause nationale offre un levier. Il faut réclamer des ressources, des structures de proximité, des politiques publiques solides en santé mentale.
- Transformation de la culture collective. À terme, une représentation sociale plus positive de la santé mentale est nécessaire. Elle peut modifier les attentes dans le travail, l’école, les médias et les relations interpersonnelles.
En bref,
Hier, au cœur de la Journée mondiale de la santé mentale, le message était clair. La santé mentale est centrale dans la vie de chacun, pas seulement le domaine des psychologues ou des psychiatres. La France, en faisant de cette thématique une grande cause nationale en 2025, en reconnaît l’urgence et l’enjeu sociétal. Cependant, ce changement est aussi individuel. Accepter de prendre soin de son psychisme, demander du soutien, participer à la déstigmatisation, voilà ce que cela signifie, concrètement, pour tous.