La résilience : comment se relever et (re)construire sa vie après l’épreuve
La résilience désigne la capacité d’un individu à surmonter un traumatisme, une perte ou une période difficile pour retrouver un équilibre psychique, voire se transformer positivement à la suite de l’épreuve. Concept central en psychologie contemporaine, elle relie les dimensions biologiques, psychiques et sociales du développement humain.
Définition et origines du concept de résilience
Le terme résilience vient du latin resilire, signifiant « rebondir ». En physique, il désigne la capacité d’un matériau à résister à un choc sans se briser. En psychologie, cette notion a été popularisée par Boris Cyrulnik (2002), neuropsychiatre français, qui définit la résilience comme : « la reprise d’un nouveau développement après un traumatisme ».
Selon Emmy Werner (1995), pionnière des recherches longitudinales sur le sujet, certains enfants parviennent à se développer harmonieusement malgré des conditions adverses. La résilience dépend alors de facteurs de protection internes (estime de soi, optimisme, flexibilité psychique) et externes (présence d’un adulte, d’un proche bienveillant, environnement soutenant).
Les fondements théoriques de la résilience
Boris Cyrulnik et la « renaissance après le trauma »
Cyrulnik (2002) insiste sur le rôle des liens affectifs et du récit : la parole, le sens et la relation permettent de transformer la blessure en force. Pour lui, la résilience n’est pas innée mais se construit grâce aux rencontres, à l’attachement et à la symbolisation de la souffrance.
La psychologie positive et la croissance post-traumatique
Les psychologues Tedeschi & Calhoun (1995) ont introduit la notion de croissance post-traumatique : certaines personnes rapportent une évolution positive à la suite d’événements difficiles (nouvelle force intérieure, gratitude, redéfinition des priorités). Cette perspective rejoint les travaux de Martin Seligman sur l’optimisme et les forces de caractère (2002).
L’approche systémique et contextuelle
La résilience ne se réduit pas à un trait individuel : elle dépend aussi du contexte familial, social et culturel. Les relations soutenantes, la reconnaissance et les ressources sociales jouent un rôle essentiel dans le processus de reconstruction.
Comment pratiquer la résilience au quotidien ?
La résilience se cultive jour après jour. Voici quelques pratiques soutenues par la recherche en psychologie :
- Pratiquer la gratitude : noter chaque jour trois choses positives renforce l’optimisme et le sentiment de compétence (Seligman, 2005).
- Entretenir des liens soutenants : s’entourer de personnes bienveillantes permet de restaurer la confiance en soi et en autrui.
- Accueillir ses émotions : reconnaître sa tristesse, sa colère ou sa peur sans jugement facilite leur transformation.
- Donner du sens à l’épreuve : réfléchir à ce que l’expérience a appris ou révélé de soi aide à la symboliser.
- Développer la pleine conscience : les pratiques de méditation favorisent la régulation émotionnelle et la flexibilité cognitive.
Le rôle de la thérapie dans le développement de la résilience
La psychothérapie offre un cadre sécurisant pour explorer la souffrance et reconstruire un sens à partir du trauma. Elle permet au sujet de devenir auteur de son récit plutôt que victime de son histoire.
Les approches thérapeutiques les plus impliquées :
- Les thérapies narratives : elles aident la personne à reconstruire le récit de son histoire, à séparer son identité de l’événement traumatique et à redonner du sens à son vécu pour redevenir acteur/actrice de sa propre vie.
- La psychothérapie analytique : elle aide à symboliser la douleur et à remanier les représentations de soi et de l’autre.
- La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) : elle apprend à identifier et modifier les pensées dysfonctionnelles liées au trauma.
- Les approches humanistes et de pleine conscience : elles favorisent l’acceptation de soi et la reconnexion à l’ici et maintenant.
Le processus de résilience s’ancre donc dans la relation thérapeutique : c’est parce que le thérapeute crée un espace d’écoute et de sens que le sujet peut réécrire son histoire et retrouver une continuité interne.
En résumé : la résilience, un art de vivre
Être résilient, c’est ne pas nier la souffrance mais lui donner une place dans une histoire plus vaste. C’est transformer la blessure en apprentissage, la perte en mouvement, la peur en connaissance de soi. Comme l’écrit Cyrulnik : « Le malheur n’est pas une destinée, il est un événement de vie dont on peut se relever. »
La résilience n’est donc pas un état figé mais un chemin, celui de la reconstruction, de la relation et du sens.
Foire aux questions sur la résilience
Qu’est-ce que la résilience en psychologie ?
En psychologie, la résilience désigne la capacité d’une personne à surmonter une épreuve douloureuse, un traumatisme ou une période difficile pour retrouver un équilibre émotionnel.
La résilience est-elle innée ou acquise ?
La résilience n’est pas une qualité innéemais un processus dynamique qui se construit au fil du temps. Elle dépend à la fois de ressources internes (optimisme, estime de soi) et de soutiens externes (présence d’un proche, environnement bienveillant). Chacun peut la développer grâce à l’expérience, à la réflexion et parfois avec l’aide d’un thérapeute.
Comment développer sa résilience au quotidien ?
Pour renforcer sa résilience, il est recommandé de cultiver la gratitude, de s’entourer de personnes soutenantes, de pratiquer la pleine conscience et de donner du sens à ses expériences. L’écriture, la thérapie et les activités créatives peuvent aussi aider à transformer la douleur en apprentissage.
Quel rôle joue la thérapie dans le développement de la résilience ?
La thérapie offre un espace sécurisé pour exprimer la souffrance, comprendre ses émotions et reconstruire une continuité de soi. Le thérapeute accompagne la personne dans la mise en sens du vécu et la réécriture de son histoire, favorisant ainsi un processus de résilience durable.
Peut-on être résilient après un traumatisme sévère ?
Oui, même après un traumatisme majeur, la résilience est possible. Les recherches de Tedeschi et Calhoun (1995) montrent que certaines personnes développent une croissance post-traumatique : elles trouvent une nouvelle force intérieure, une plus grande empathie et un sens renouvelé à la vie. Ce processus nécessite toutefois du temps, du soutien et souvent un accompagnement thérapeutique.
Références bibliographiques (APA 7)
- Cyrulnik, B. (2002). Un merveilleux malheur. Odile Jacob.
- Seligman, M. E. P. (2002). Authentic happiness. Free Press.
- Tedeschi, R. G., & Calhoun, L. G. (1995). Trauma and transformation: Growing in the aftermath of suffering. Sage Publications.
- Werner, E. E., & Smith, R. S. (1992). Overcoming the odds: High-risk children from birth to adulthood. Cornell University Press.
Article rédigé par Sarah Maazouz, psychologue clinicienne – Tous droits réservés.







